Thèses et Mémoires

Thèses

Mounira El Bouti (début : novembre 2018)
Leadership et transformation numérique des entreprises à la lumière du genre
Dir. thèse: C.Morley
Co-encadrante : M. Bia Figueiredo
Laboratoire LITEM

Problématique et question de recherche
Le mouvement des entreprises vers une transformation numérique entraîne des changements, parfois en profondeur, dans les processus de travail et les relations entre acteur.es. Cependant, le genre, entendu comme une modalité relationnelle hiérarchisante entre hommes et femmes constitue un point aveugle des travaux sur la transformation numérique. Pourtant, le féminin-masculin est une dimension transversale dans toutes les organisations, en particulier dans le monde du travail où les relations de genre sont encore fortement présentes, en particulier lorsque le pouvoir est en jeu (Maruani, 2013).  Par ailleurs, la dimension technologique fait partie de la transformation numérique. Or, dans ce qui touche à la technique la place des femmes est encore peu affirmée, voire contestée, en raison du stéréotype associant technique et masculinité dont l’analyse du fonctionnement explique la persistance (Morley & McDonnell, 2017). Ainsi certains « mouvements » dans les interactions confortent ce stéréotype, tandis que d’autres peuvent le déconstruire. Cependant, des recherches récentes sur les femmes dans l’histoire de l’informatique montrent qu’il n’en a pas toujours été ainsi (Morley & McDonnell 2015) et qu’un changement de culture peut conduire à une inclusion des femmes à tous niveaux (Morley & Collet 2017).
La thèse poursuivra une double interrogation.  D’une part on se demandera quelles sont les places des femmes dans les projets de transformation numérique : est-ce qu’une mixité accrue favorise les changements visés vers plus d’agilité et moins de hiérarchie traditionnelle ? ou est-ce que la dimension technologique de ces projets renforce leur mise à distance des positions de leadership ?
D’autre part, on cherchera à voir si la dynamique de transformation peut avoir un effet sur les relations de genre : les relations entre acteur.es s’en trouvent-elles modifiées ? la transformation ouvre-t-elle une nouvelle place aux femmes, en particulier dans des rôles de leader ? les changements d’organisation et la recherche de nouveaux talents conduisent à une culture plus inclusive ? quel effet d’un changement de culture sur l’expérience de leadership par les femmes (Longman et al. 2018) ? le changement de culture a-t-il un effet sur les formes de leadership du point de vue du genre (Patford et al., 2017; Ayman &  Korabik, 2010; Appelbaum, 2003 ) ?

Objectif :
L’objectif est donc d’étudier les pratiques des relations de genre dans un contexte de transformation numérique pour analyser :
1) quels effets de genre sont à l’œuvre (interactions marquées par les stéréotypes de genre ou déconstruisant ces stéréotypes) ?
2) comment ces pratiques s’inscrivent dans la transformation de la culture de l’entreprise et agissent sur la transformation numérique ?
3) comment un projet de transformation numérique peut favoriser ou entraver la place des femmes en position de leader?
La notion de leadership s’appréhendera à différents niveaux : direction d’une start-up, gouvernance du SI, pilotage de projet de transformation ou d’intrapreneuriat. Le leadership des hommes et des femmes seront étudiés, non pour les opposer, mais pour identifier des mouvements de renforcement ou de déconstruction des stéréotypes. On regardera tout particulièrement les interactions entre les pratiques du leadership par les femmes et les processus de transformation numérique.

Jihane Khayoussef-Gassib (soutenue le 24 mars 2017)
« Le genre dans le monde du conseil en Technologies de l’Information : le modèle du métier et  les pratiques professionnelles»
Dir. thèse: C.Morley. Laboratoire LITEM

L’objectif  de la thèse d’analyser le vécu des femmes et des hommes dans le métier du conseil en Technologies de l’Information (TI) afin d’identifier les mécanismes en lien avec les rôles socio-sexués et les stéréotypes genre/TI. En utilisant une approche structurationniste, les pratiques seront étudiées sous trois aspects :

  • L’image du métier de Consultant.e TI, qui associe ou non des caractéristiques socio-sexués aux technologies numériques.
  • Le langage, par le choix des mots et des expressions en parlant des Consultant.e TI, qui pourrait nourrir ou non la masculinité d’un modèle professionnel de référence parmi les Consultant.e.s.
  • Les pratiques liées au genre, c’est-à-dire un ensemble de comportements ou ce qu’on appelle ici mouvements de structuration (en nous inspirant de Giddens, 1984) issus des interactions entre les différents acteurs dans le conseil TI et qui pourraient consolider ou déconstruire le stéréotype de masculinité dans le modèle.

La question de recherche peut donc s’articuler en trois interrogations principales :

  • D’abord, est-ce que le fait même de travailler dans le secteur des TI est en soi un facteur de malaise pour les consultantes en TI ?
  • Si oui, comment expliquer ce malaise, et quel lien a-t-il avec le genre du modèle et les pratiques professionnelles dans le métier de Consultant.e TI ?
  • Et enfin, comment le stéréotype du genre dans le modèle du métier de Consultant.e TI est-il consolidé ou déconstruit à travers les comportements des acteurs du métier?

A partir de là, nous tenterons de vérifier les quatre hypothèses émises suivantes :

Hypothèse 1 :

Les consultants en TI partagent une image forte de leur métier.

Hypothèse 2 :

Les pratiques d’exercice du métier de consultant TI alimentent la construction de rôles socio-sexués.

Hypothèse 3 :

Le stéréotype du genre dans le métier de consultant TI est en reconstruction permanente à travers les pratiques d’exercice du métier.

Hypothèse 4 :

Le caractère dynamique du stéréotype du genre permet également sa déconstruction totale ou partielle à travers les pratiques d’exercice du métier de consultant TI.

 

 

 Mémoires

Carmen Gordon-Nogales (2017)  « Pionnières : étude sur les carrières féminines dans l’enseignement supérieur et la recherche. Le cas de l’informatique en France (1965-1990). » Mémoire de Master2 en Études de Genre(s) à Paris 8 Vincennes-Saint-Denis.

L’objectif de cette recherche est de contribuer à retrouver la mémoire des femmes qui ont participé en France à l’aventure et à la diffusion de l’informatique, entre 1965 et 1990. Ce premier travail de recherche, dans le cadre d’un master pluridisciplinaire, relève à la fois de l’histoire des sciences, de la sociologie et des l’histoire oral. Il s’agit d’apporter des éléments permettant de décrire le contexte dans lequel ces femmes ont étudié et travaillé tout au long de cette période. A l’instar de Judy Wajcman, la question était de savoir si la technologie avait joué un rôle émancipateur pour elles et nous avons essayé d’en répondre. Le mémoire s’organise en quatre parties. Dans la première, une présentation historique des relations construites entre les questions de genre et la science informatique comme discipline scientifique et comme domaine d’emploi. Dans la deuxième un tableau du développement de cette discipline en France et de son insertion dans l’enseignement et la recherche, en abordant tout particulièrement la place des femmes dans l’ESR. Dans la troisième partie est exposée la démarche méthodologique. Finalement, lors de la quatrième partie sont présentés les résultats de l’analyse de notre corpus d’entretiens (10 professeures en informatique).

Martina Mc Donnell (2013)
«La vision d’étudiants sur les causes de la désaffection des femmes dans les métiers des TIC : analyse à partir des théories explicatives ».
Mémoire de DIU Conseiller, conseillère, référent-e égalité femmes/hommes  (Université Paris 3 – Sorbonne Nouvelle Université Paris 6 – Pierre et Marie Curie).  La question de recherche est la suivante : quelles sont, chez des jeunes impliqués dans les TIC, les explications apportées à la sous-représentation des femmes dans les TIC et notamment quelles sont les correspondances entre leurs explications et les explications théoriques ? Le document est structuré en trois parties. Dans la première partie, nous rappelons brièvement les faits et nous décrivons les quatre théories explicatives. La deuxième partie est consacrée à la méthodologie de recherche : constitution de l’échantillon, recueil et analyse. Dans la troisième partie nous exposons les résultats, d’abord globalement, puis en mettant en perspective les quatre théories. La conclusion propose une synthèse des résultats et quelques recommandations.

Chantal Morley (2008) La relation entre genre et technique : les raisons des acteurs techniques
Mémoire Master 2 : Sociologie, mention Genre, politique et sexualités (EHESS). Le thème du rapport entre genre et technologie a été abordé en étudiant ceux qui exercent avec plaisir une activité technique. Le cadre théorique repose sur trois piliers: 1) comprendre les raisons des acteurs (suivant la sociologie de l’action) ; 2) rechercher les appuis de l’amour de la technique (inspirés de la pragmatique du goût développée par de A.Hennion) ; 3) reconnaître aux acteurs une capacité d’action face aux normes de genre (suivant la performativité du genre défendue par J.Butler). Le corpus analysé se compose de 16 entretiens de cadres (8 hommes et 8 femmes) en grande entreprise industrielle ayant tous exercé une fonction technique.

 

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